Par Ana-Sofia LECLERC.

 

Le bonheur au travail s’invite de plus en plus dans les débats publics, il est devenu un sujet de discussion et de controverse.

Le bonheur soit, au travail, pourquoi pas… Mais le bonheur au travail n’est-il pas antinomique ?

Si on reprend l’étymologie du mot « travail », ‘’travail’’ signifie ‘’torture’’, du latin ‘’tripalium’’.

Alors comment faire en sorte que le travail ne soit pas synonyme de ‘’souffrance’’ mais au contraire qu’il contribue au bien-être voire au bonheur ?

 

Le bonheur au travail ? Mais de quoi parle-t-on ?

Bien plus qu’un sujet de philosophie, le bonheur au travail est devenu dans certaine entreprise un enjeu majeur de leur développement. Chaque entreprise s’empare du sujet et propose des ‘’remèdes’’ ou des actions de toutes sortes.

Il est apparu un nouveau métier, plus précisément une nouvelle fonction : Responsable du bonheur, souvent nommé Chief Happiness Officer (CHO) car un mot anglo-saxon c’est mieux, c’est plus fun (soi-disant) …

Alors qu’est-ce qu’un CHO ? La principale mission d’un CHO serait de créer de la convivialité pour rendre les salariés heureux. Quelle responsabilité ! Mission réalisable ? 

 

Précisons que cette fonction est souvent occupée par des stagiaires, qui ont peu voire pas de connaissance de l’entreprise (de par leur ancienneté dans le monde du travail) et voilà qu’il leur est confié comme mission de rendre les salariés heureux !

Et un salarié heureux au travail, ça ressemble à quoi ? Pour une entreprise, un salarié heureux c’est un salarié plus performant car plus investi, plus engagé, plus créatif, plus productif…

Pour le salarié, être heureux au travail, ce serait sans doute :

– d’habiter les valeurs de l’entreprise en adéquation avec ses propres valeurs éthiques,

– de se sentir en sécurité sur son lieu de travail,

– d’entretenir des rapports de qualité avec ses responsables et ses collègues,

– de se développer personnellement et professionnellement,

– de se sentir utile, etc.

 

Sachant que les besoins sont individuels, que les niveaux de satisfaction sont différents d’un sujet à un autre, et que le bonheur ne se décrète pas, la mission d’un CHO serait une utopie ?

Installer des baby-foot, des espaces de convivialité, des fauteuils massants, faire du yoga ou de la sophrologie sur son lieu de travail, etc., contribuent certes au bien-être au travail mais permettent-ils de rendre les salariés heureux ? Permettent-ils de redonner du sens à ce qu’ils font, à développer leurs compétences ?

Il est certes de la responsabilité des employeurs de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs (art.4121-1 du Code du Travail). Et il me semble aussi qu’il est de la responsabilité de chacun de cultiver son bonheur au travail. Je peux faire le choix de voir le verre à moitié plein ou à moitié vide, du moins je peux décider d’apprendre à développer ma pensée positive.

En tant que salarié j’ai le pouvoir de me ‘’rendre heureux’’…ou pas ! Je peux choisir le sens que je souhaite donner à ma vie active, je m’autorise à être moi-même, acteur de ma vie.

Les pratiques de la pleine conscience par exemple, sont, elles, des exercices quotidiens à mener pour se donner potentiellement la perspective de mieux vivre sa vie professionnelle, sa vie en générale, certainement… C’est donc bien la convergence des ambitions (celle de l’individu et celle de l’entreprise accueillante) qui concourent au « bonheur » dans une organisation.

 

Pour tendre au bonheur au travail, il est d’abord important de comprendre ce que l’on fait, c’est-à-dire savoir donner du sens à son activité, quelle qu’elle soit, pour que celle-ci devienne significative pour moi.

Puis, il est nécessaire de se sentir autonome et responsable de ce que l’on réalise, d’avoir le sentiment de contrôler ce que l’on fait et enfin de se sentir utile dans ce que l’on fait.

Si nous parvenons à satisfaire ces trois dimensions, nous tendons à être un travailleur heureux car nous aurons appris à vivre le présent et à se réjouir que le sens soit partout, que nous puissions toujours le découvrir.

Le travail peut être synonyme de bonheur (plutôt que synonyme de souffrance) si l’on parvient à le rendre intéressant (d’abord pour soi), lui donner du sens et mieux si l’on saisit le résultat ou la finalité de sa contribution, afin d’en être fier.

Donner du sens à son travail en changeant sa perception et cultiver la pensée positive.

 

Pour conclure, plutôt que de mettre des pansements sur des bobos ou mettre une nouvelle couche de peinture ‘’flashy’’ sur les murs, agissons sur ce qui nous permet de bien faire, bien réaliser, bien œuvrer dans son travail. Apporter du fun au travail est à mon sens, une fausse bonne idée.

Engageons-nous réellement dans une réflexion de recherche des causes qui empêchent de bien faire son travail, pour trouver des solutions ou des réponses permettant de réduire ou faire disparaître les effets d’une mauvaise santé au travail. Tentons de rétablir un équilibre entre les contraintes (organisationnelles, relationnelles…) et les ressources.

 

En tant que psychologues du travail, tous les consultants de Moreno Consulting sont spécialistes de la prévention santé au travail, et agissent avec objectivité dans le respect de forts principes déontologiques.

Face à la souffrance réelle de certains salariés, il est indispensable de prendre une position mesurée, méthodologique et outillée pour intervenir auprès des organisations du travail.

L’équilibre au travail favorise la sérénité de l’organisation dans la réalisation de ses objectifs.

Si la sensibilité vécue à son travail est une réalité, la souffrance n’est pas une fatalité, et sa prévention et son traitement peuvent et doivent être abordés avec méthode et objectivité.

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